Rootstech 2015 : Geneanet en immersion

Le 18 févr. 2015 par Frédéric Thébault

rootstech.jpgRootstech, salon de généalogie né en 2011, est en cinq années devenu incontournable dans le monde entier. Geneanet y était cette année encore représenté. Voici ce que notre délégation a retenu de son voyage à Salt Lake City, Utah, pays de la généalogie, giron de l’Eglise de Jésus-Christ et des Saints des Derniers Jours.

Les Américains adorent la généalogie, c’est un fait, et cela n’est pas réservé aux seuls membres de l’Eglise, plus couramment dénommés Mormons, même s’ils en représentent une bonne partie. Sans les Mormons, pionniers de l’internet généalogique, inventeurs de la norme GEDCOM et du logiciel de généalogie (Personal Ancestral File, avec lequel de nombreux “anciens” généalogistes ont commencé, y compris en France), la généalogie serait-elle ce qu’elle est ?
Hors de toute considération religieuse, la généalogie doit beaucoup aux Mormons. Nul généalogiste ne peut l’ignorer.


rootstech2.jpgQuelques chiffres

Le salon Rootstech est organisé par FamilySearch avec le soutien de nombreux sponsors dont les principaux : Ancestry, MyHeritage et FindMyPast se partagent de manière strictement égalitaire le devant de la scène. Il a réuni cette année 10 000 personnes de plus que l’an dernier, soit près de 22 000, un chiffre colossal mais qu’il faut néanmoins relativiser à l’échelle du pays. 35 pays étaient présents. Trois “keynotes” (conférences géantes) s’y sont déroulées dans des salles immenses pouvant accueillir plusieurs milliers de personnes. En marge, on pouvait assister à de nombreuses conférences à taille plus humaine, dont une animée par notre directeur international, Laurent Monpouet, qui a fait salle comble. Le salon accueillait également 160 exposants.
Rootstech est bien à l’image de FamilySearch et de ses 319 000 bénévoles de part le monde, qui indexent chaque jour près de 1,3 millions de noms : remarquable !

Les acteurs de la généalogie aux USA

FamilySearch, émanation des Mormons, occupe une place centrale dans l’échiquier de la généalogie américaine, autour de laquelle gravitent tous les sites consacrés à la généalogie, à commencer par les trois plus gros, Ancestry, FindMyPast et MyHeritage. Sites concurrents mais pourtant partenaires sous de nombreux aspects dont les liens tissés les uns entre les autres n’empêchent pas chaque site de développer sa propre spécificité.
Aux Etats-Unis, malgré la prépondérance de ces sites, il reste de la place pour tout le monde, et de nombreuses entreprises de généalogie se créent régulièrement, certains proposant même exclusivement des services complémentaires aux principaux sites. S’agit-il du fameux esprit pionnier hérité de leurs ancêtres émigrants, donnant à chacun sa chance et voyant la concurrence d’un bon œil plutôt que le “chacun pour soi” ? C’est probable, mais quoiqu’il en soit, cela fonctionne, et cela fonctionne bien et, même, de mieux en mieux.

rootstech1.jpgLa généalogie américaine n’est pas la généalogie française

Un Américain ne fait pas sa généalogie de la même façon qu’un français, et ses centres d’intérêt ne sont pas vraiment les mêmes. En effet, peut-être est-ce dû à leurs origines multiples et au fait que tous les américains ont sans doute de fortes présomptions de cousinages entre tous ceux qui descendent qui d’un Allemand, qui d’un Irlandais, qui d’un Italien, toujours est-il que leurs préoccupations diffèrent quelque peu.
Aux USA, il est ainsi impensable de se déplacer dans un dépôt d’archives pour y faire des recherches : on numérise et on publie sur Internet des données que l’on achète. Et puis, on se préoccupe moins des ancêtres lointains, souvent difficiles à trouver car originaires d’Europe ou d’Afrique, que des ancêtres proches, sur 4, 5 ou 6 générations. Alors, on prend grand soin de raconter leur histoire, par tous les moyens possibles. Cette pratique a même un nom : le story-telling. Interviews de personnes âgées, vidéo, rédactionnel, tout ce qui peut servir à raconter la vie d’une personne, d’un membre de sa famille revêt une grande importance.
La notion de famille est cruciale comme en France mais elle y est manifestement appréhendée différemment : on la partage en mettant en avant la vie du grand-père ou de l’arrière-grand-tante, plus qu’une lignée d’ascendants jusqu’à Charlemagne. 

Les Américains accordent également une très grande importance à des technologies qui restent chez nous encore limitées : les recherches ADN sont devenues monnaie courante en quelques années, et la pratique d’une généalogie sur tablette ou smartphone l’est aussi, utiliser un ordinateur de bureau est devenu désuet. La notion de réseau, social ou généalogique, est également prépondérante : on ne fait pas sa généalogie seul, on la partage à tous les membres de sa famille et certains sites permettent aussi à chacun d’intervenir sur l’arbre de l’autre.


Et la France, dans tout ça ?

Geneanet est peut-être le sixième site mondial, mais pour un américain, la généalogie en France semble encore un grand mystère ! Spécificité de l’accessibilité de nos archives, de notre histoire, de notre esprit ? Sans doute, mais cela tient aussi au fait, scientifique, que les origines des américains placent la France loin derrière d’autres pays Européens. Nous ne résistons d’ailleurs pas au plaisir de vous proposer cette carte pour illustrer notre propos. Elle indique pour chaque comté, la provenance extra-américaine majoritaire des ancêtres des habitants. Les origines françaises, en bleu ciel, concernent “seulement” les zones bordant le Québec et la Louisiane, ce qui n’a rien d’étonnant.

carte.jpg
(cliquez sur la carte pour voir l’originale en grande taille)

En conclusion, cette participation à Rootstech est un événement important pour un Français : elle permet de voir les grandes tendances de la généalogie actuelle, et d’en deviner son orientation dans le futur. Nul n’y échappera, et la mixité des origines d’une part, des outils et des moyens de diffusion d’autre part influenceront durablement notre propre pratique de la généalogie.

Rendez-vous est pris pour 2016 !

9 commentaires

Utilisateur anonyme
28/02/2015

Bien sûr, la tache bleue (allemand) sur la carte est bien plus étendue que la tache grenat (anglais) ou que les taches hispanico mexicaines ou norvégiennes. Mais on ne dit pas si les densités ne sont pas plus faibles dans la zone bleue. je réponds à lloret qui écrit “soit la couleur bleu ciel est mal défini, soit les allemands ont quasiment colonisé les USA”. Bien sûr qu’ils ont colonisé les USA, à tel point que lors du vote pour le choix de la langue officielle du nouvel Etat indépendant, la langue anglaise n’ a été choisie qu’avec une voix de majorité par rapport à la langue allemande. Il faut aussi penser que seuls votaient les Etats de l’est , les autres étant encore des territoires…


Utilisateur anonyme
26/02/2015

@ MANNIG

Si la généalogie par ADN vous intéresse, on ne peut que vous conseiller de lire l’information contenue dans le site ADN Héritage français. La G / ADN est tout ce qu’il y a de plus logique. C’est simplement de la génétique appliquée à la généalogie. Le Catalogue des signatures ADN ancestrales du Projet ADN Héritage français inscrit les signatures ADN (haplotypes) inférées par triangulation sur un ancêtre fondateur de Nouvelle-France. Par la transmission stable de signatures génétiques par voies patrilinéaire (ADN-Y) et matrilinéaire (ADNmt, mt = mitochondrie), il est possible par le biais d’au moins deux descendants directs d’inférer la signature ADN-Y ou ADNmt d’un ancêtre. Cette méthode permet du même coup de valider l’hypothèse documentaire. Plusieurs lacunes documentaires ont déjà été comblées grâce à l’établissement de telles signatures ancestrales. L’apport amérindien au peuplement de la Nouvelle-France peut aussi être mieux mesuré grâce à ces techniques révolutionnaires en généalogie (les signatures génétiques amérindiennes sont distinctes). Le généalogiste d’Amérique française rêve du jour où il pourra collaborer avec la France pour valider sa généalogie papier au-delà du pionnier fondateur de Nouvelle-France.


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