Vos ancêtres pendant la guerre 14-18 (4) : Historiques régimentaires et journaux des unités

Le 28 nov. 2013 par Frédéric Thébault

Charles_Amberger_vignette.jpgDernier volet de notre série de notes consacrées aux recherches généalogiques sur vos aïeux ayant participé à la Grande Guerre. Après avoir retrouvé leurs éventuelles fiches de “Mort Pour La France” s’ils n’ont pas survécu, nous allons voir comment reconstituer leur parcours complet, grâce aux Historiques régimentaires et aux Journaux des unités.


1/ Les Historiques régimentaires

Les Historiques régimentaires sont des courtes monographies publiées après guerre, qui récapitulent la vie du régiment. Imprimés sous forme de petits fascicules d’une vingtaine de pages en moyenne, ces documents précieux vous permettront, avant d’affronter les Journaux de Marche, de bien situer le parcours de vos ancêtres pendant la guerre.
Inégaux tant dans le contenu (certains ne représentent que quelques pages manuscrites, d’autres sont très complets et comportent des listes de soldats morts au combat) que dans le style (certains auteurs débordent de lyrisme, d’autres sont plus factuels), ces Historiques régimentaires constituent cependant un premier contact aisé avec les archives de 14-18.

Prenons un exemple avec l’Historique Régimentaire du 132e Régiment d’Infanterie qui concerne un soldat pour lequel nous cherchons des renseignements (voir 2/ ci-après).

Via le site Mémoire des Hommes (voir notre note du 18 novembre pour le mode d’emploi), nous accédons rapidement à cet Historique.
Il s’agit d’un document de 20 pages dactylographié. Il est découpé en six parties. Notez, sur sa couverture, sa devise : “1 contre 8” (la plupart des régiments existaient depuis longtemps, seuls quelques-uns ont été créés pendant la guerre de 14-18).

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La première partie, “Historique sommaire du Régiment, de la mobilisation au 11 novembre 1918”, est le récit très résumé des événements. En un clin d’œil vous pourrez ainsi appréhender le parcours du régiment pendant toute la guerre.

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Une seconde partie consacrée à l’issue du conflit a été créée pour honorer le souvenir de la victoire.

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Une troisième partie est consacrée aux “anecdotes” de la “marche triomphale” décrite en seconde partie.

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La quatrième partie est consacrée au régiment dans son ensemble : il s’agit des “Félicitations et citations du Régiment”.

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La cinquième s’attarde sur les faits d’armes individuels les plus marquants, peut-être allez-vous déjà y retrouver le nom de votre ancêtre ?

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Enfin, une sixième partie est consacrée aux hommes de valeur ayant réalisé des “Hauts faits individuels”, et à quelques “Mots historiques”.

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[ Les Historiques Régimentaires ]

2/ Les Journaux de Marche et des Opérations (JMO)

Ces journaux de marche étaient établis par le commandement sur le terrain, au jour le jour. Y sont décrites les manœuvres, combats, trajets, le quotidien des hommes, avec souvent de nombreux détails. Mais attention, ne comptez pas y trouver les noms de vos ancêtres si ceux-ci n’étaient que de simples soldats, à moins d’un acte d’héroïsme : seuls les gradés avaient des chances d’être mentionnés, ce qui est bien naturel car ils étaient beaucoup moins nombreux que les hommes de troupe !

Pour comprendre l’utilité de ces documents et pour savoir comment les utiliser, prenons un cas concret : le sous-lieutenant Charles Emile Amberger, tué en avril 1915. A défaut d’acte de décès, nous disposons de sa, ou plutôt de ses, fiches de Mort Pour la France.

Muni de la date de son décès, et du numéro de son régiment, on peut désormais cibler avec précision le journal de marche qui le concerne : le 132e RI.

Via le site Mémoire des Hommes, on trouve rapidement le JMO du 132e RI, on choisit la période de son décès pour en trouver une éventuelle mention, mais on peut bien entendu lire aussi la totalité de son parcours depuis l’entrée en guerre.

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Le document proposé contient 129 pages. Il se présente sous la forme d’un registre manuscrit. Notez bien que selon le régiment, la présentation peut-être différente, ainsi que le contenu, il n’y a pas de règle précise. Néanmoins on retrouve plus ou moins les mêmes informations.

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Le 132e RI contient :

  • d’une part, sur des feuilles vierges les “ordres de bataille”, régulièrement reproduits chaque fois qu’un combat à eu lieu. Nous retrouvons ici la mention du sous-lieutenant Charles Amberger. On voit qu’il faisait partie du 2e bataillon, 7e compagnie. Ces mentions sont souvent portées sur les fiches de Morts pour la France, mais pas toujours. Nous avons ici la composition complète de l’état-major : le Lieutenant Colonel Maurel, le capitaine adjoint au Colonel Scheidecker, incluant tous les gradés, jusqu’au chef de musique et aux médecins en passant par le porte-drapeau, l’officier d’approvisionnement, etc. Pour le 2e bataillon, le sous-lieutenant Amberger et le sous-lieutenant Duval étaient sous les ordres du Capitaine Bodard, lui-même sous les ordres du chef de Bataillon Girard.

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  • la description du déroulement de chaque journée, qu’il y ait eu des combats ou non : dans la marge la date et parfois comme ici la mention de faits héroïques, dans la partie principale “l’Historique des faits”.
    A la date du 29 avril, on trouve, tout à la fin, le détail de la mort de Charles Amberger :
    “Le Lt Amberger, comt la 7ème Cie, observait le développement de l’attaque de la 1ère Cie, prêt à la soutenir, lorsqu’il fut tué sur le parapet de sa tranchée”.
    L’imagination du lecteur fera le reste…

JMO5.jpgles registres matricules

6 commentaires

Merci pour ces précieuses informations !
Maintenant, il me faut retrouver la trace de mon grand-père en trouvant le parcours du 13ème RAC ou il a été affecté en Juillet 2017…
Depuis longtemps, je me pose des questions sur son parcours pendant la guerre…
Ma grand-mère disait qu’il avait été gazé… Où ? Quand ? Elle n’avait conservé aucun documents et ne voulait pas en parler !…
Il est “mort pour la France” le 22 Mars 1949, aveugle et paralysé… Je veux comprendre…
J’ai découvert hier qu’il était engagé volontaire en Avril 1917…


Malheureusement le JMO de la 62è batterie du 7è RAP n’existe plus. Il m’aurait permis de comparer la relation faite par mon grand-père Louis LAHOREAU des événements de la bataille de la Somme à laquelle il a pris part. http://un-poilu-sans-histoire.over-blog.com/


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