Scandales au XVIIIe siècle : curés et prostituées

Le 23 janv. 2013 par Frédéric Thébault

vigncures.jpgLes scandales sexuels impliquant des membres du clergé ont toujours fait sensation parmi la population. Et ils ne datent pas d’hier : au XVIIIe siècle, les faits divers mettant en scène des ecclésiastiques et des femmes de mauvaise vie étaient courants.

C’est grâce à un membre de GeneaNet, Artemisia Solo, qui a récemment publié dans les Relevés gratuits une centaine de notices concernant des procès-verbaux d’arrestations de curés au XVIIIe siècle, que nous pouvons aujourd’hui appréhender la réalité d’alors.

cures.jpgParfois drôles, toujours émouvants, les scandales engendrés par ces arrestations ont été avalés par l’Histoire. On imagine bien volontiers l’opprobre jetée sur ces malheureux prêtres, curés, diacres, chanoines, etc, victimes de leurs pulsions charnelles, mais deux cent ans plus tard on peut affirmer la prescription : on ne les juge pas.
Restent ces témoignages par lesquels on entr’aperçoit les moeurs de l’époque.

Nous vous proposons de consulter trois sources,  bien qu’il en existe sûrement d’autres.

La première, les relevés fournis par Artemisia Solo, sont faciles à lire car leur auteur a pris la peine les retranscrire. Les noms des protagonistes (policiers, victimes, prostituées et témoins) en ont été extraits et sont donc trouvables via les moteurs de recherche de GeneaNet : y trouverez-vous l’un de vos ancêtres ?

Avec la seconde et la troisième, on retrouvera quelques témoignages publiés précédemment issus de la même source (des “papiers” trouvés à la Bastille).

La seconde nous présente une “Liste de tous les prêtres trouvés en flagrant délit chez les filles publiques de Paris sous l’ancien régime ; avec le nom et la demeure des femmes chez lesquelles ils ont été trouvés, et le détail des différents amusemens qu’ils ont pris avec elles.”

Cette liste a été publiée en 1790, rajoutant probablement à l’ignominie pour les ecclésiastiques concernés, car on peut penser que bon nombre d’entre eux étaient encore vivants. L’avertissement publié en couverture du livre, “Ministres de la religion, apprenez les vices de ce gouvernement que vous regrettez” est sans ambigüité, il témoigne sans détour de cette époque où les acteurs de la Révolution Française avaient souhaité écarter de toute forme d’autorité la religion catholique (constitution civile du clergé votée en juillet 1790, massacre de prêtres à venir), en avertissant les nouveaux tenanciers du culte de la conduite de leurs aînés.
Heureusement pour les principaux concernés, donc les noms étaient clairement indiqués, on peut penser que de tels ouvrages n’étaient pas lus ou connus par l’ensemble de la population, majoritairement analphabète.

cures2.jpgLa troisième enfin, datée de 1791, ne concerne que pour une faible partie ces témoignages dénonciateurs car ce n’était pas le but de l’ouvrage, mais en reproduit néanmoins quelques-uns (page 681). Il s’agit d’une “Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières : jurisprudence, Volume 10“.

Son intérêt est l’ensemble de l’article “Prostitution” (pages 678 à 694) qui nous apprend ce qu’il advenait des femmes arrêtées, qui brosse un tableau complet de la prostitution féminine et masculine, sans oublier ce qu’elle fut au cours de l’histoire de France. Les amateurs parferont leurs connaissances avec la lecture de l’article “Débauche” en page 4, qui vaut également le détour.

> Les relevés sur GeneaNet
> L’article “Prostitution” de l’Encyclopédie méthodique
> La Liste de tous les prêtres

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