Mieux lire les actes d’ancien régime

Le 27 avr. 2011 par Frédéric Thébault

vign1.jpgNotre monde est gouverné par une administration omniprésente, et l’uniformisation des documents, quels qu’ils soient, ne surprend plus personne. Pour le généalogiste débutant, la crainte d’avoir à déchiffrer des documents de moins en moins réglementés dans leur forme, au fur et à mesure que l’on remonte dans le temps n’est, contrairement à ce que l’on pense, pas vraiment fondée.

C’est sur un site créé en… 1997 que nous avons déniché de très intéressantes informations. Daniel Chatry, généalogiste passionné, a eu à sa disposition un document (malheureusement non daté mais que l’on peut estimer à 1736) qui fut diffusé auprès des curés de toutes les paroisses afin que ceux-ci se conforment à une rédaction bien précise lors de l’enregistrement des actes de baptême, mariage ou sépulture.

240px-Villers-Cot.jpgRappelons d’abord que les registres paroissiaux ne furent à l’origine qu’un simple moyen pour les curés de comptabiliser les sommes qui leur étaient versées à l’occasion des cérémonies. Cette simple habitude devint obligation car la transcription des baptêmes et des mariages permettait de surveiller d’une part les unions consanguines, et d’autre part les unions naturelles : l’Eglise étendait ainsi son pouvoir et réglementait les moeurs. Après l’Eglise, c’est le pouvoir royal qui vit rapidement quel intérêt il pouvait avoir à “surveiller” ainsi l’évolution de la population française.

En 1539, la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts fut promulguée, qui reconnaissait officiellement l’existence des registres paroissiaux, imposait la tenue d’un registre des baptêmes et leur rédaction en langue française. 40 ans plus tard, en 1579, l’ordonnance de Blois affirme l’obligation de la tenue de ces registres. Elle formalise le mariage, impose quatre témoins et le consentement des parents. En 1667, l’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye oblige la tenue des registres en double exemplaire pour éviter les pertes et fraudes ; c’est aussi souvent, pour les généalogistes, une date-butoir, lorsque les registres antérieurs uniques ont été détruits. Enfin, en 1736, une dernière étape importante est franchie, fondamentale pour les généalogistes également, car  la “Déclaration du Roy, Concernant la forme de tenir les registres de Batêmes, Mariages, Sepultures, Vestures, Noviciats & Professions ; Et des Extraits qui en doivent être delivrez. Donnée à Versailles le 9 Avril 1736. Registrée en Parlement.” impose de façon beaucoup plus stricte qu’au préalable la tenue des registres de baptêmes, mariages et sépultures.

Jusqu’à la Révolution, rien n’allait changer, mais pourtant tous les curés ou recteurs de France allaient se conformer à un modèle de rédaction que nous livre Daniel Chatry sur son site. Son préambule énonce clairement que “MM les Curés doivent avoir une scrupuleuse attention à écrire les noms de Baptèmes & de Familles correctement & dans leur ordre : ils sont aussi priés de renvoyer les présentes formules avec le Registre qu’ils déposeront au Greffe.”

chatry.jpgLes modèle sont très complets et précis. Ainsi, pour les baptêmes, on compte pas moins de huit cas :
– “Baptême d’enfant légitime”,
– “Baptême de jumeaux”,
– “Baptême d’un enfant illégitime lorsqu’un Jugement en a déclaré quelqu’un le père”,
– “Baptême d’un enfant illégitime dont quelqu’un se déclare verbalement le père, ou par écrit en bonne forme.”,
– “Baptême d’enfant illégitime dont la mère a fait la déclaration au Greffe.”,
– “Baptême d’enfant illégitime dont le père est inconnu , & lorsque la mère n’a point fait de déclaration au Grèfe.”,
– “Baptême d’enfant dont les noms des père & mère sont inconnus.”,
– et enfin “Baptême d’enfant trouvé.”

Il en est de même pour les mariages et les sépultures. Pour chaque acte, une trame est fournie, qui ne laisse guère le choix au hasard au curé et à ses aides :
L’an ….. et le ….. du mois d….. a été baptisé par moi, Curé soussigné (Vicaire ou Prêtre.) N….. (le nom donné à l’enfant) (ou née) d’aujourd’hui (ou d’un autre jour.) à ….. heures (du matin ou du soir.) [‡] du légitime mariage de NN….. & de NN….. son épouse (marquant les noms, surnoms, qualités ou conditions & professions des père et mère) de cette Paroisse (ou de la Paroisse de …..) Le Parrain a été NN….. & la Marraine NN….. (mettant les noms, surnoms, qualités & professions) le père présent (ou absent) qui a signé (ou déclaré ne le savoir;) de ce interpellé (…)”

Conserver à portée de main ces modèles d’actes permettra le cas échéant aux moins habitués d’entre nous de déchiffrer un mot dans un texte mal écrit, et de voir dans quel cas de figure l’on se trouve. En matière de généalogie, pas de hasard, cela nous est encore confirmé ici !

[ Formules d’actes de baptêmes, mariages et sépultures ]

2 commentaires

bonjour
je suis en plein dedans
n hesitez pas a en faire part si je peux vous aider
votre message a 3ans ..peut avez-vous trouvé une solution
cdlt


dharreau
28/06/2016

Qui peut m’aider à lire l’acte de baptême que je viens de trouver et qui apparemment date de 1646?
J’ai fait une capture d’écran de l’acte et j’ai relevé les informations du registre.


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