Parrains et marraines nobles pour un enfant de condition modeste

Le 11 mai 2009 par Frédéric Thébault

logo_csghf.jpgCette semaine, une question de Valérie Pirès-Marchesseau :

J’aimerais savoir si le choix des parrains et marraines pouvait avoir une motivation de “charité”. En effet, j’ai trouvé dans un acte de baptême daté du 27 août 1774, dans la paroisse de Bonnelles (Yvelines), concernant le fils posthume d’un journalier, un parrain “régisseur de la terre de Bonnelles et dépendance, procureur fiscal” et la marraine “épouse de l’écuyer de Monseigneur le duc d’Uzès, seigneur de cette paroisse”. L’enfant prend le prénom de son parrain.

Quelles conséquences cette pratique pouvait elle avoir pour l’enfant ? Y a t-il dans ce cas une sorte d’engagement de part et d’autre ? Serait-ce une sorte de “récompense” pour une famille méritante ou dans le besoin? (au moment du baptême, le père de l’enfant était décédé depuis 3 mois et la mère avait déjà un fils d’un an). Je n’ai pas trouvé trace d’autres enfants ayant parrains et marraines nobles et je n’ai pas trouvé d’autre mention de cet enfant (ni décès, ni mariage) dans la paroisse. Merci de m’éclairer sur les liens qui unissaient ces proches du seigneur du lieu et une famille très modeste.

Sous l’Ancien Régime l’enfant recevait, au moment de son baptême, parrain et marraine comme autant de protecteurs. La tendance populaire multipliait leur nombre pour mieux assurer le salut spirituel et matériel de l’enfant en cas de disparition de ses parents, fait assez fréquent alors.

Le concile de Trente (1545-1563) prescrivit le retour au parrainage simple, si bien qu’aux XVII et XVIIIème siècles, le phénomène du parrain et de la marraine unique s’imposa, ceux ci ayant de fait de réelles et lourdes charges envers leur filleul. De fait, il est fréquent de voir des paysans, même très modestes, s’adresser à des personnes plus riches et plus puissantes qu’eux, telles qu’un notable local ou son épouse, le curé de la paroisse, ou le seigneur du lieu.

Si le parrain et la marraine acceptaient, alors les parents en ressentaient une certaine fierté et espéraient pour leur enfant quelques avantages matériels. En effet les parrain et marraine étaient obligés de diverses manières envers leur filleul(e) : spirituellement bien sûr,  symboliquement  comme en limousin où la tradition voulait que le parrain conduise sa filleule à l’autel pour son mariage, matériellement par l’offre de cadeaux ou d’une protection sociale ou professionnelle, par exemple.

Ainsi s’établissaient des relations entre familles, relations qui aboutissaient à des réseaux utiles lorsque l’enfant devenait adulte.

Pour la CSGHF,
Béatrice VICIDOMINI
Généalogiste professionnelle dans le lyonnais

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